Les lasius sont présentes partout en Europe et en Asie, dans les
zones froides et tempérées. Elles vivent dans des colonies de plusieurs
milliers d’individus, pouvant atteindre quelques 20 000 habitantes en fonction
de la saison. La colonie est monogyne. Cela signifie qu’elle ne possède
qu’une seule reine, celle qui a créée la colonie après le vol nuptial et qui
donne naissance aux habitantes du nid. Elle peut vivre
plus de 20 ans contre seulement 3 pour les ouvrières. Lorsqu’elle meurt, la colonie périt
alors petit à petit jusqu’à disparaître. Mais ne parlons pas de malheur !
La reine contrôle
les naissances. Elle gère son débit de ponte en fonction du besoin de la
colonie. Si l’espace du nid est réduit, la ponte sera de l’ordre de
quelques dizaines d’œufs par mois, tandis que s’il est bien développé,
elle pourra en pondre des centaines
pendant la même période. L’œuf, une fois pondu, est emmené avec les autres,
dans une salle qui leur est réservée. Ensuite, après plusieurs jours, il se
transformera en larve avant de former un cocon dans lequel elle entamera sa
transformation en nymphe. Enfin, une nouvelle fourmi sort du cocon en adulte et commence
sans perdre de temps son travail au sein de la colonie.
La reine est à même de décider si l’œuf qu’elle va pondre donnera une ouvrière, une reine ou un mâle. Si l’œuf a été fécondé par le sperme contenu dans sa spermathèque (nous verrons plus loin de quoi il s'agit), il donnera naissance à une femelle, et s’il ne l’a pas été, il donnera alors un mâle. Ensuite, c’est la nourriture apportée aux couvains qui déterminera si la femelle sera une ouvrière ou une reine.
Au niveau morphologique, les Lasius sont composées, comme tout insecte qui se respecte, d’une tête, d’un thorax, d'un abdomen et de trois paires de pattes articulées. Elles ne possèdent pas de dards mais, en contrepartie, ont une réserve d’acide formique dont les jets puissants repoussent aisément les intrus gênants. Elles possèdent aussi une carapace très résistante qui leur assure une bonne protection. La tête est équipée de deux antennes et de deux yeux qui auront une place primordiale dans la communication. Voilà de façon globale,l’anatomie de ces fourmis qui vous permettra de mieux comprendre la suite.
Passez votre souris sur le schéma de la Lasius Flavius. En vert est représentée la tête, en bleu le thorax, en orange les pattes, et en jaune l'abdomen.
On a ainsi l’apparition de castes : d’un côté les sexués, qui assurent l’avenir de l’espèce, et de l’autre les ouvrières, qui assurent le bon fonctionnement de la colonie. Mais parmi les ouvrières existent encore des distinctions qui correspondent en réalité à une spécialisation précises des tâches (nourrices, chasseuses, ...). Nous allons nous y intéresser de plus près.
Chaque individu a donc une place bien précise dans la fourmilière. Cette répartition du travail offre une stabilité déconcertante de la société myrmécéenne (= relatif aux fourmis) et lui assure une longue période de prospérité, ... si aucun élément ne vient perturber cet équilibre.
La reproduction a lieu pendant la belle saison,
du printemps jusqu’à la fin de l’été selon l'espèce. Les sexués, mâles et femelles,
sortent par centaines pour la première fois à l’extérieur du nid. L'instinct
pousse les mâles à prendre leur envol, bientôt suivis par les femelles. L’accouplement à lieu pendant
ce vol nuptial. Trois ou quatre mâles fécondent la femelle. Malheureusement,
ceux-ci meurent tout de suite après l’acte. Les spermatozoïdes libérés
seront entreposés dans la spermathèque de la femelle, située dans l'abdomen. La femelle pourra ainsi
pondre autant qu’elle le pourra pendant toute sa vie, sans jamais manquer de spermatozoïdes. Cependant, les prédateurs sont
nombreux et la plupart des
reines sont dévorées
lors du vol par des oiseaux peu scrupuleux !
Pour les survivantes, elles doivent encore trouver un site adapté où elles pourront se poser. Elles commencent par arracher leurs ailes qui ne leur seront plus d’aucune utilité. Elles entreprennent dès lors de creuser un abris et s’installent pour commencer la ponte. Les premières générations d’ouvrières seront petites et de faible constitution. Elles s’occuperont essentiellement des couvains pour assurer la survie de la colonie, encore fragile. Elles mouront très rapidement pour laisser place à des générations plus robustes.
Au départ, les colonies comportent souvent plusieurs reines. Or, il n’y a de place que pour une seule, la colonie étant monogyne. Les quelques reines mises en place se livreront alors à des combats sans pitié jusqu'à ce que mort s’en suive. La survivante régnera alors pendant de longue année sur la colonie.