Adaptation

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La Tetraponera

Fiche d’identité :

Famille : formicidae
Sous-famille : Pseudomyrmecinae
Genre : Tetraponera
Localisation : régions tropicales


a) Le cycle de vie de la Tetraponera

    Dans les forêts tropicales existent d’étranges symbioses : des fourmis d’un genre tout à fait singulier cohabitent avec des arbustes. Ces plantes, appelées myrmécophiles, offre aux fourmis dites pseudomyrmex un nid idéal à leur évolution. Etudions particulièrement le cas de la fourmi Tetraponera. Très présente au Gabon, elle vit en parfaite harmonie avec le Barteria, appartenant à la famille des passifloracées. Il existe bien d’autres exemples de cette adaptation hors du commun mais celle-ci est spécifique aux régions tropicales. On relève notamment le cas de l’acacia cornigera, dont la croissance dépend directement des fourmis vivant dans l’arbre.

    Les Tretraponera vivent en colonie de plusieurs milliers d’individus.  La vie de la colonie s’articule autour de l’arbre. La colonisation du Bartéria se fait par la reine après le vol nuptial. Celui-ci à lieu tous les jours en milieu de matinée ; les jeunes reines s’envolent et sont rejointes dans les airs par les mâles. La fécondation se fait alors. Ensuite, alors que les mâles ne survivent pas à l’épreuve, les jeunes reines partent à la recherche d’un Bartéria encore vierge. Elle se pose ainsi sur une branche de l’arbre et se met à creuser un trou afin de pouvoir pénétrer à l'intérieur. Entre temps, elle enlève ses ailes lesquelles ne lui seront plus d'aucune utilité. Une fois entrée, la reine va commencer à pondre les œufs dont elle s’occupera au début avant que la colonie ne se développe. Elle passera ainsi le reste de sa vie dans la loge nuptiale. Par la suite, les ouvrières s’occuperont des couvains et de la reine.

    La colonisation d’un Barteria se fait donc en plusieurs étapes. Tout d’abord, plusieurs reines, d’espèces différentes, viennent s’installer dans les différentes branches de l’arbre. Puis les colonies, après s’être développée et avoir ainsi pris plus d’ampleur, se livrent à des guerres jusqu’à ce qu’ils ne restent plus qu’une colonie sur l’arbre. Enfin, la colonie restante occupe la totalité des branches où elle peut alors s’épanouir et s’adonner à ses tâches.


Il peut aussi arriver que les branches de deux Bartéria différents se rejoignent. Là se livrent entre les deux colonies différentes, une guerre sans pitié. Et comme une seule colonie peut vivre sur une arbre, les fourmis se battent jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’une colonie qui s’installe alors sur la totalité des deux arbres.

Anecdote : au Gabon, le Bartéria est surnommé l’arbre de l’adultère. Pour punir une femme adultère, on l’attaché au tronc de l’arbre, les piqûres de Tetraponera étant tellement douloureuses.

b) Un nid bien adapté

    Nous avons vu que cette symbiose n’existait que dans les zones tropicales. Là règne un climat qui se caractérise par une seule saison, de fortes précipitations et une forte chaleur toute l'année. La végétation naturelle est la forêt dense, ou jungle. La diversité animale et végétale y est très développée du fait d'une humidité ambiante importante et d'une forte luminosité. On y trouve les plus grandes diversités de fourmis. 

    Le Bartéria offre donc aux fourmis un nid idéal. Il les protège des autres prédateurs grâce à sa position élevée, mais aussi des fortes précipitations qui peuvent ravager des nids, grâce à sa rigidité. En effet l’arbre peut atteindre des hauteurs avoisinant les 10 mètres.

    Les branches du Barteria, creuses, font office de galeries, accueillant ainsi les colonies de Tetraponera. Le plus étonnant sont les feuilles de l’arbre, parsemées de glandes à nectar. Celles-ci sont destinées à alimenter la colonie de fourmis. Les branches possèdent elles aussi des glandes du sirop sucré. Les fourmis sont donc nourries en permanence. 

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    Ces avantages ne sont pas sans retour. En échange de cet accueil, la colonie de Tetraponera assure la protection de l’arbre contre tout ce qui pourrait freiner la croissance du myrmécophile comme le lierre, le lichen, ou autres chenilles. Pour cela, elles passent par-dessus bord tous les étrangers, en coupant avec leur mandibules les lianes ou en jetant les insectes sans pour autant les tuer. Elles vont aussi cicatriser les blessures des feuilles après le passage d’une chenille. 

    En cas de fortes pluies, des ouvrières bloquent les trous, qui permettent l’accès aux galeries, avec leurs têtes, assurant de cette manière l’étanchéité du nid. On constate ici un exemple flagrant de l’importance de l’ensemble de la colonie par rapport à l'individu en lui même. Le sacrifice des ces ouvrières est naturel et permet de garder l’intégrité de la colonie.

 

c) L'alimentation

    Comme dit plus haut, l’arbre fournit donc le miellat à la colonie. Le secret de cette cohabitation réside en fait dans la composition du miellat, dont les fourmis raffolent. Après avec étudié le nectar, on a constaté qu'il était pauvre en glucose.

    Des tests ont été faits sur un ensemble de fourmis dont les Tetraponeras. Chacune s’est vu proposée des solutions de nectar à concentration en sucre différente. Alors que la plupart des fourmis ont choisi les solutions très sucrés, les Tetraponeras choisissent quant à elles, les nectars pauvres en glucose. D’où leur attirance pour le Bartéria.

    Pour défendre l’arbre, La Tetraponera possède, à l’extrémité de son abdomen, un dard dont la piqûre est aussi violente que celle d’une guêpe, quoique moins longue dans le temps. Un tel arsenal dissuade vite les insectes herbivores de grignoter les feuilles verdoyantes de leur nid.

    Cependant, on peut observer quelques exceptions qui démontrent l’adaptation de certains insectes pour duper ces redoutables fourmis. Certaines chenilles peuvent se balader sur le Barteria pour y dévorer les feuilles, sans pour autant susciter une quelconque réaction dans la colonie. Son secret ? Un distributeur de nectar situé sur sa carapace qui annihile tout désir de rejet chez les fourmis. Ces dernières viennent tapoter ces glandes avec leurs antennes afin de déclencher la libération une goutte du délicieux liquide.

    D’autres insectes comme les cochenilles sont également acceptés pour des raisons similaires à ces chenilles. Les fourmis sont avant tout gourmandes, au détriment de la protection du nid !