Communication

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Le comportement d'alarme

   

    Nous avons vu précédemment que les phéromones passeports jouaient un rôle essentiel dans le dialogue des fourmis ; il faut ajouter que si une espèce, quelle qu'elle soit, ne présente pas les phéromones passeports requis, elle est automatiquement considérée comme ennemi.

 « L’alerte résonne dans le jargon olfactif belokanien. C’est une phéromone dont la formule chimique est C8-H18-O. La réaction est immédiate. On entend déjà le frottement de centaines de pattes guerrières. »   

    Ces phéromones d'alarme sont secrétées par une multitude de glandes : la glande pygidiale, anale, mandibulaire, la glande de Dufour et à poison, ainsi que la glande rectale. Les scientifiques ont été étonnés par l'incroyable nombre de molécules intervenant lors du comportement d’alarme. C’est pourquoi nous ne citerons que les plus fréquemment rencontrées : la methyl-4hexanone-2, la methyle-6heptene-5-one-2, l'heptanone-2, octanone-2, heptanone-3… 

    Les fourmis manifestent un comportement d'alarme dès lors qu'il y a un danger potentiel. Leur vitesse de déplacement augmente, toute la colonie se mobilise. Les activités en cours sont immédiatement abandonnées et les fourmis se mettent à converger soit vers l'intrus, soit dans la direction opposée. Les belligérantes sortent en masse du nid et chargent vers l'intrus. Elles adoptent une posture menaçante, ouvrent leurs mandibules, font saillir leur aiguillon et émettent une déferlantes de signaux chimiques, des allomones

    Les allomones entrent en jeu à chaque conflit. Tous ont un rôle spécifique. Les fourmis esclavagistes, pas exemple s'introduisent dans une colonie pour y piller toutes les nymphes pour les rapporter et les exploiter dans leur nid. Elles fabriquent, à l'aide de la glande de Dufour, des molécules ayant un effet répulsif sur leurs ennemis. Ainsi les fourmis pillées sont souvent incapables de se défendre lorsque les voleuses s'emparent de leurs couvains. L'émission de substance de défense est souvent accompagnée de postures typiques qui ont aussi un rôle dans l'effet dissuasif. 

    Certaines espèces, comme les lasius recourbent leur abdomen entre les pattes postérieures et arrosent l'ennemi d’un jet d'acide formique contenu dans la glande à poison, qui agit à la fois comme produit d'alarme pour les congénères et comme produit de défense contre l’intrus. D'autres préfèrent injecter directement par le biais de leur dard, un poison contenu dans la glande à venin, qui peuvent immobiliser ou tuer l'ennemi.