Pour ravager des
territoires entiers de vert pâturage, les fourmis sont des championnes ;
certaines espèces peuvent même concurrencer les bovins les plus aguerris.
Aussi surprenant que cela puisse paraître lorsqu'il s’agit de récolter des
vivres elles n’emploient pas exclusivement la communication
chimique, laquelle d'ailleurs s'avère inefficace dans ce cas. Elles
préféreront volontiers utiliser une autre forme de communication plus
triviale certes, mais qui reste de loin plus probante : la communications
acoustique.
Lors de la moisson, la fourmi récolteuse qui désire de l’aide produira des sons à hautes fréquences en frottant un mince grattoir (en orange), sur une plaque striée (en bleu) située à l'extrémité de son abdomen, grâce à un muscle (en rouge). Ceux-ci se propageront immédiatement dans le sol et dans l'air par sa tête. Les fourmis aux alentours, alertées par les vibrations produites, accourrons prêter patte forte à la quémandeuse.
Même si beaucoup
d'entre elles disposent du métabolisme requis pour produire des stridulations,
ils en restent certaines qui en sont incapable. Toutefois une
grande partie d'entre elles ont su pallier le problème en produisant des sons
avec leur abdomen mais cette fois, en le tapant contre le sol.
Ce type de communication présente une multitude d’avantage : d’une part, il couvre un champs de propagation d'environ un mètre (non négligeable pour une fourmi !) ; d autre part il permet d'informer l'emplacement d'une source de nourriture mais également de sa qualité. En effet, les scientifiques ont constaté que plus l'intensité de la vibration émise était importante, plus la nourriture était jugée bonne et appétissante pour la colonie.
La communication
acoustique, bien que très peu usitée par les myrmycéennes, trouve son utilité
dans d'autres domaines. Lors d’éboulements, par exemple, où il peut
faire office de signal de détresse. Une fourmis se retrouvant piégée à cause
d'un tunnel obstrué n'hésitera pas à alerter ses sœurs en émettant des
stridulations. Elles se répandront alors dans toute la colonie sous forme de
vibrations. Les fourmis y étant très sensibles du fait de milliers de capteurs sensorials
situés un peu partout sur leur corps, plus particulièrement sur leurs pattes,
viendront prestement délivrer l'infortunée. Là encore, la
communication acoustique est utilisée puisque, pour secourir la
sinistrée, il
faut dans un premier temps dégager la galerie des gravas qui l'encombre. Les
fourmis utilisent alors leurs pattes ainsi que leur mandibule mais aussi les
stridulations, qui ont pour intérêt de désagréger les particules compactes
du sol, rendant ainsi le déblaiement plus aisé. C'est avec cette même
technique que beaucoup de fourmis creusent leur nid.
On retrouve aussi ce moyen d'expression chez les fourmis tisserandes. Au moindre dérangement, ces fourmis très organisées sortent de leurs nids et se mettent à taper sur les parois avec leur abdomen. Le bruit produit alerte la colonie qui pourra promptement réagir à la situation. Ce moyen de communication permet d'informer en masse, rapidement et efficacement, les membres de la colonie. Chose impossible avec la communication chimique.