Les entomologistes ont pu constater que des salles entières de la fourmilière sont réservées au seul bien être des oeufs et des larves. Plus encore, ces compartiments sont habités par une foule d'ouvrières occupées à bichonner les jeunes couvains.
« Voici les pouponnières thermo régulées à l'humus en décomposition, la salle de séchage des nymphes avec son sable fin qui aspire l’humidité. Là, des nourrices au lourd abdomen les lèchent en permanence. »
L’attention des ouvrières
à l'égard des couvains est très
importante. En effet, ils constituent l'avenir de la colonie en assurant la
prochaine génération, et gare à celui ou celle qui osera leur porter atteinte.
D’ailleurs, lorsqu'un nid de fourmis est attaqué, les ouvrières s'empressent d'emporter les couvains
pour de les mettre en sûreté.
Mais est-ce par pur esprit de famille que les ouvrières agissent ainsi ? Pas tout a fait. De même que les fourmis sont irrésistiblement attirées par leur reine, les nourrices le sont aussi par les larves, grâce aux phéromones.
Une expérience a été
menée à cet effet. Après avoir plongées quelques larves dans un vernis
cellulosique, on a pu constater que les fourmis se désintéressaient totalement
des larves, mieux elles les évacuaient vers le cimetière. La phéromone
responsable de l'asservissement des fourmis à leurs couvains a été détectée. Il
s’agit de la trioléine.
Chose étonnante pourtant, une seconde expérience
consistant à imbiber de cette molécule, des disques de papier filtre que l'on a
disséminés un peut partout autour de leur fourmilière révèle que les
fourmis étaient intéressées par les disques en question, mais ne les rapportaient
jamais
dans leur nid. Elles ne les considéraient donc pas comme des larves,
ce qui veut dire qu'il existe un autre facteur responsable de l'attirance des
fourmis par les couvains. Ce facteur est tout simplement la forme de la larve,
ou plutôt sa turgescence. C'est ainsi que des larves, vidées de leur contenu puis
regonflées à l'aide de gélatine, sont manipulées comme des larves vivantes.
Les mêmes laissées à l'état de flasque après l'éviscération sont délaissées.