Il n’est pas rare, par une
belle journée ensoleillée de voir deux fourmis se battre en duel, et parfois même,
des régiments entiers. Les combats entre fourmis sont des événements fréquents
qui amènent à s’interroger sur l'existence de frontières entre les sociétés
occupant un même biotope. Dans le règne animal, la notion d’espace est une
chose fondamentale et de même que nous, êtres humains, avons nos propres propriétés,
il semblerait que les fourmis elles aussi possèdent les leurs.
« Maintenant les
explorateurs sont arrivés aux limites des terres connues. Il n'y a plus la
moindre cité fille (…) à peine quelque traces infimes d une ancienne piste
parfumée qui indique que les Belokaniennes sont jadis passées par la. »
La plupart du temps, ces territoires sont délimités en fonction de la nourriture avoisinante. Ce sont les fourmis elles-mêmes qui décident jusqu'où il s'étendra, d’ou les rixes entre les différentes colonies, chacune étant avide de nourriture. Ce n'est cependant pas tant la taille du territoire qui nous intéresse, mais la clôture qui le délimite. Les fourmis emploient une méthode de marquage de territoire étonnante, bien connu du monde animal : les odeurs.
Là encore, la communication
chimique est employée, mais cette fois, à des fins stratégiques, ce qui
implique l’utilisation de phéromones appropriées. Ces dernières sont
rependues de façon à former une piste olfactive. A l’aide de la glande de
Dufour, située sous son abdomen, la fourmi va déposer de petites gouttes
huileuses par intermittence sur le passage emprunté. Lorsqu'elle trouve une
source de nourriture, elle revient sur ses pas, après s'être alimentée, en
déposant cette fois-ci une ligne continue de phéromones.
Les congénères, alertées par
l'odeur encore fraîche de la piste, s'approchent rapidement, et suivent la
piste fraîchement tracée à la recherche de nourriture. Ce recrutement n'est
pas spécifique, puisque chaque espèce de fourmis répond aux traces laissée
par une autre. Plus tard lorsqu'une série de composés s'est évaporée,
l’effet devient différent. Les fourmis se déplacent alors moins vite, et
manifestent un comportement d’exploration. A ce moment là, le marquage devient
spécifique.
L'analyse chromatographique du contenu des glandes de Dufour a permis de mieux comprendre ce phénomène. Il contient deux types de composés :
les substances les plus volatiles ont un effet de recrutement non spécifique. Il s’agit d'éthanal, d’éthanol d’acétone et de butanone.
les substances les moins volatiles agissent comme des marqueurs de territoire spécifiques.
Les phéromones territoriales sont des atouts majeurs lors d'une bataille entre deux colonies, puisque les fourmis qui en déposent des gouttelettes sont moins hésitantes sur le champs de bataille et circulent plus aisément sur le terrain. Elles sont aussi plus prompt a recruter des congénères au nid pour la défense du territoire.